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Photos © Marikel Lahana

voyage d'hiver
(une piece de theatre)

D’après « Winterreise (ein Theaterstück) » d’Elfriede Jelinek

traduction Sophie André Herr © Le Seuil

et les textes inédits « Moi l’étrangère » et « Sur Schubert »

traduction Magali Jourdan et Mathilde Sobottke

Sébastien Gaxie et Clara Chabalier revisitent le Voyage d’Hiver de Franz Schubert et Wilhem Müller, chef-d’oeuvre du romantisme allemand, pour dresser avec humour une fresque de la société contemporaine. Le voyageur errant se déploie en une multitude de portraits contemporains : les étendues glacées, les oiseaux rapaces, reflets de sa solitude et de son incapacité à s’intégrer, sont à présent des stations de ski, les réseaux sociaux, la télévision. Avec les nouvelles technologies, le voyage n’est plus un trajet dans l’espace : l’état d’arrêt du chômeur, la fuite forcée du migrant et l’errance du sans-papier sont mis en relation avec 

l’immobilité de l’écrivain, l’amnésie du malade d’Alzheimer ou la séquestration de Natascha Kampusch – enfermée dans une cave pendant huit ans – et s’opposent à la consommation du touriste qui voyage dans les stations de ski sans que cela le « bouge ». Le voyageur est aussi bien celui qui cherche l’amour sur les réseaux sociaux, que le contribuable obligé de payer pour renouer les banques aux intérêts mafieux. Langage poétique et musical s’interpellent dans une forme hybride où chanteuse, comédienne et pianiste changent sans cesse de place, sans que l’on sache à l’avance jusqu’où nous emmènera ce chemin.

Mise en scène

Clara Chabalier

composition

sebastien gaxie

Avec

Clara Chabalier

sebastien gaxie

elise dabrowski

Scénographie

franck jamin

création Lumière

Gildas Goujet

création vidéo

Jacques Hoepffner

Réalisation Informatique Musicale

Franck Berthoux

Régie Lumière

iannis Japiot

Régie son

Serge Lacourt

Administration, Production

Mara Teboul
(L’Œil Ecoute)

Un voyage immobile

Nous pouvons aller à l’autre bout du monde sans être déplacé, on y retrouvera probablement les mêmes attractions touristiques. Nous naviguons à travers le monde avec nos smartphones et communiquons avec des êtres éloignés de milliers de kilomètres à la vitesse de la lumière. Au contraire, la musique bouge, (é)meut les gens, alors que précisément tout dans le récital conventionnel est statique : le piano est trop lourd pour être déplacé, le chanteur est coincé entre deux pots de fleurs, le spectateur de théâtre traverse la représentation depuis son fauteuil.  

À travers sa propre immobilité d’écrivaine, qu’elle exprime avec « des mots empruntés à la marche », Elfriede Jelinek interroge notre capacité à nous déplacer, à bouger, notre volonté de changer, de nous bouleverser. Les 24 Lieder, évoqués ici en 8 tableaux, sont autant de stations pour le vagabond. Ce « là-bas » visé sans relâche par la marche propose un voyage autant physique que mental, où le chemin le plus direct n’est jamais le bon : il faut prendre le risque de se perdre.  Du village vers l’étendue glacée, de la raison vers la folie, d’une vie de labeur vers l’éternel repos, le voyage est en lui-même le but. Être arrivé, c’est être mort.

Dates

2019
2018

Production

Compagnie Pétrole.


Coproduction La Pop – Incubateur des musiques mises en scènes, La Fondation Royaumont.

La cie Pétrole bénéficie de l’aide au projet de la DRAC Île-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication



Avec le soutien de la Fondation Daniel
et Nina Carasso, grand mécène de la Fondation Royaumont pour le soutien de l’émergence, la recherche artistique et le développement des artistes, d’Arcadi Île- de-France, du Fonds de Création Lyrique (SACD) et de la Spedidam.

Elfriede Jelinek est représentée par L’Arche, agence théâtrale.

Presse

Ironie, burlesque et ridicule de ces aventures humaines actuelles auxquelles l’inspiratrice de ce Voyage d’hiver, la comédienne joueuse Clara Chabalier accorde une dimension politique et poétique – cette attention autre et si précieuse à prêter au métier de vivre en parcourant les étendues sans fin d’une expérience inépuisable. Le voyage surréaliste dans ces contrées – hauteurs et chutes – trouve l’apaisement requis et le retour à soi via la voix d’Elise Dabrowski et le piano de Sébastien Gaxie. Un voyage fascinant entre sorties de route imprévues, comique et ironie joyeuse.
Un tonique chaud et froid de formes, de sons et de mots. Comme un voyage dont on aurait planifié toutes les étapes mais où rien ne se passerait comme prévu. Pour emprunter la célèbre formule de Lautréamont, c’est la rencontre entre le parapluie Schubert-Müller et la machine à coudre Jelinek.
Le travail de Clara Chabalier – elle-même comédienne épatante – tend à ouvrir des fenêtres toujours inattendues sur le sens de la vie, questionnement élevé ou considération triviale. La musique de Sébastien Gaxie, inventive dans tous les registres, donne l’impression de chercher la bonne formulation scénique, du sketch de caf’conc’ (superbe trio façon slam) au numéro de comédie musicale ou d’opéra excentrique (monologue de la femme égarée, petit bijou de faux-semblants esthétiques).
Dans cette création multidisciplinaire, tout est musique. Une bande son de type cinéma plante le décor. La voix de la chanteuse Elise Dabrowski épouse magnifiquement les vers de Müller.
Comme l’a fait Elfriede Jelinek avec la musique de Schubert, Clara Chabalier s’empare des mots de l’auteure autrichienne avec une liberté qui traduit un profond respect. Une admiration dont, chacun à sa manière, et en s’essayant aussi régulièrement aux disciplines des autres, Sébastien Gaxie et Élise Dabrowski se font aussi les relais.

un extrait