D’après « Winterreise (ein Theaterstück) » d’Elfriede Jelinek
traduction Sophie André Herr © Le Seuil
et les textes inédits « Moi l’étrangère » et « Sur Schubert »
traduction Magali Jourdan et Mathilde Sobottke
Sébastien Gaxie et Clara Chabalier revisitent le Voyage d’Hiver de Franz Schubert et Wilhem Müller, chef-d’oeuvre du romantisme allemand, pour dresser avec humour une fresque de la société contemporaine. Le voyageur errant se déploie en une multitude de portraits contemporains : les étendues glacées, les oiseaux rapaces, reflets de sa solitude et de son incapacité à s’intégrer, sont à présent des stations de ski, les réseaux sociaux, la télévision. Avec les nouvelles technologies, le voyage n’est plus un trajet dans l’espace : l’état d’arrêt du chômeur, la fuite forcée du migrant et l’errance du sans-papier sont mis en relation avec
l’immobilité de l’écrivain, l’amnésie du malade d’Alzheimer ou la séquestration de Natascha Kampusch – enfermée dans une cave pendant huit ans – et s’opposent à la consommation du touriste qui voyage dans les stations de ski sans que cela le « bouge ». Le voyageur est aussi bien celui qui cherche l’amour sur les réseaux sociaux, que le contribuable obligé de payer pour renouer les banques aux intérêts mafieux. Langage poétique et musical s’interpellent dans une forme hybride où chanteuse, comédienne et pianiste changent sans cesse de place, sans que l’on sache à l’avance jusqu’où nous emmènera ce chemin.
Mise en scène
composition
Avec
Scénographie
création Lumière
création vidéo
Réalisation Informatique Musicale
Régie Lumière
Régie son
Administration, Production
Nous pouvons aller à l’autre bout du monde sans être déplacé, on y retrouvera probablement les mêmes attractions touristiques. Nous naviguons à travers le monde avec nos smartphones et communiquons avec des êtres éloignés de milliers de kilomètres à la vitesse de la lumière. Au contraire, la musique bouge, (é)meut les gens, alors que précisément tout dans le récital conventionnel est statique : le piano est trop lourd pour être déplacé, le chanteur est coincé entre deux pots de fleurs, le spectateur de théâtre traverse la représentation depuis son fauteuil.
À travers sa propre immobilité d’écrivaine, qu’elle exprime avec « des mots empruntés à la marche », Elfriede Jelinek interroge notre capacité à nous déplacer, à bouger, notre volonté de changer, de nous bouleverser. Les 24 Lieder, évoqués ici en 8 tableaux, sont autant de stations pour le vagabond. Ce « là-bas » visé sans relâche par la marche propose un voyage autant physique que mental, où le chemin le plus direct n’est jamais le bon : il faut prendre le risque de se perdre. Du village vers l’étendue glacée, de la raison vers la folie, d’une vie de labeur vers l’éternel repos, le voyage est en lui-même le but. Être arrivé, c’est être mort.
Compagnie Pétrole.
Coproduction La Pop – Incubateur des musiques mises en scènes, La Fondation Royaumont.
La cie Pétrole bénéficie de l’aide au projet de la DRAC Île-de-France – Ministère de la Culture et de la Communication
Avec le soutien de la Fondation Daniel
et Nina Carasso, grand mécène de la Fondation Royaumont pour le soutien de l’émergence, la recherche artistique et le développement des artistes, d’Arcadi Île- de-France, du Fonds de Création Lyrique (SACD) et de la Spedidam.
Elfriede Jelinek est représentée par L’Arche, agence théâtrale.